Dérèglement climatique: causes et solutions à la surchauffe

Le 15 mai 2025, un groupe d'experts indépendants composé de climatologues, de physiciens du bâtiment et d'architectes a répertorié les défis actuels liés à la surchauffe et au climat intérieur. Les causes, les risques et les solutions ont été examinés en détail sous différents angles - du dérèglement climatique et de la santé à la conception des bâtiments et aux réglementations.

Leur message était clair: la surchauffe n'est plus un problème futur et nécessite déjà des interventions réfléchies et structurelles dans la manière dont nous concevons et remodelons nos bâtiments. Dans cet article, nous mettons en pratique les idées du groupe d'experts:

La législation belge sous-estime les risques de surchauffe

Une législation dépassée

Bien que notre climat intérieur soit de plus en plus soumis à la pression de vagues de chaleur plus longues, notre législation reste principalement axée sur la performance énergétique en hiver. En effet, les normes PEB actuelles se concentrent sur une isolation adéquate et sur le chauffage général, mais ne tiennent guère compte du confort en été et des risques de surchauffe. Des pays comme les Pays-Bas, la France et l'Allemagne disposent de règles visant à prévenir les surchauffes. En Belgique, seules les institutions de soins de santé sont soumises à des obligations via la réglementation VIPA.

L'ingénieur-architecte Joost Declercq note même ce qui suit: "Lorsque nous recommandons une protection solaire, le rapporteur PEB répond souvent que ce n'est pas nécessaire. Le PEB calcule avec des méthodes obsolètes et statiques qui ne permettent pas d'estimer correctement le confort en été."

Shady Attia, responsable du Laboratory of Sustainable Building Design de l'Université de Liège, confirme:
"Les méthodes de calcul actuelles sous-estiment structurellement les besoins de refroidissement et l'impact des vagues de chaleur. Les mesures passives telles que la protection solaire, la ventilation et la masse thermique devraient jouer un rôle central, validées par des simulations dynamiques et des données climatiques actuelles."

Éviter le refroidissement actif

Le chauffage est largement considéré comme un droit fondamental. Mais cela ne s'applique-t-il pas également à la climatisation? Pourtant, l'objectif ultime reste de se passer de système de climatisation, ce qui est parfaitement possible dans les conditions actuelles, selon le groupe d'experts, à condition que la conception des bâtiments soit adéquate.

Shady Attia souligne donc que des exigences plus strictes sont nécessaires, en particulier pour les zones urbaines: "La législation PEB devrait rendre obligatoire la réalisation d'analyses de surchauffe, tant pour les nouveaux bâtiments que pour les rénovations majeures. Ce faisant, le refroidissement passif, tel que l'ombrage dynamique et les stratégies de ventilation intelligente, devrait toujours être préféré aux systèmes actifs. Il faut des valeurs limites concrètes pour le climat intérieur et la santé, ainsi que des responsabilités claires pour les consortiums de conception et de construction. De cette manière, nous pourrons mesurer objectivement le confort en été et la santé."

VEROZO est également d'accord avec cette déclaration et présente même une proposition concrète. La secrétaire générale Ann Van Eycken déclare: "En plus de la ventilation et de l'isolation, l'ombrage devrait devenir une composante obligatoire de chaque bâtiment. Nous préconisons une protection solaire dynamique, qui n'est déployée que lorsque c'est nécessaire. De cette manière, nous pouvons toujours profiter au maximum de la chaleur solaire gratuite durant l'hiver et les mi-saisons, tout en évitant le chauffage indésirable en été."

Le dérèglement climatique: plus qu'une simple hausse de la température

La question du climat va bien au-delà d'une simple hausse des températures moyennes. Les climatologues mettent ainsi l'accent sur l'origine humaine des changements et préfèrent donc parler de dérèglement climatique.

Niels Souverijns, climatologue au VITO: "Selon les estimations, d'ici 2050, nous pouvons nous attendre à un doublement du nombre de jours de canicule (d'environ 12 jours de canicule sur la côte à plus de 24 dans les villes). Or, ce ne sont pas seulement les températures élevées qui posent problème, mais surtout l'intensité et la fréquence des vagues de chaleur."

La santé sous pression

La chaleur n'est pas seulement inconfortable, elle constitue également une grave menace pour la santé. En Europe, plus de 175.000 personnes meurent chaque année des effets de la chaleur extrême. Il est à noter que les décès dus aux températures hivernales sont encore plus nombreux. "Les adaptations contre le froid sont de nature moins physiologique."

En Belgique, les groupes vulnérables tels que les personnes âgées, les bébés et les malades chroniques sont les plus exposés. Mais les personnes en bonne santé sont également touchées: la perte de concentration, la fatigue et les troubles du sommeil augmentent avec la persistance de la chaleur.

Samuel Helsen, climatologue: "Pendant les nuits tropicales, lorsque les températures ne descendent pas en dessous de 20 °C, le corps est soumis à un stress thermique constant. C'est surtout dans les zones urbaines, où la chaleur est retenue la nuit par le béton et l'asphalte, que ce problème prend de l'ampleur."

Hein Daanen, thermophysiologiste, ajoute: "La recherche prévoit que la mortalité liée à la chaleur dépassera la mortalité liée au froid d'ici 2080. Il est donc clair que nous devons travailler sur des solutions structurelles pour prévenir le stress thermique."

Une différence de quatre degrés entre la ville et la campagne

Pendant les vagues de chaleur, les villes sont par défaut plus chaudes de plusieurs degrés que les zones rurales environnantes. Cet effet d'îlot de chaleur est dû au fait que les bâtiments et les chaussées emmagasinent la chaleur pendant la journée et la restituent lentement pendant la nuit. Dans les villes dépourvues de verdure et de points d'eau, les habitants sont exposés plus longtemps à la chaleur.

La solution? Plus de verdure et d'eau dans les espaces urbains. Les arbres et les fontaines réduisent la température ambiante par évaporation et améliorent considérablement le microclimat. Toutefois, une approche réfléchie est nécessaire: une plantation inappropriée entraîne des taux d'échec élevés. En d'autres termes, 30% des arbres plantés meurent dans les cinq ans.

Les espèces autochtones et résistantes à la chaleur offrent de meilleurs résultats. Un aménagement urbain intelligent avec moins de béton et plus de verdure peut non seulement réduire le stress thermique, mais aussi prévenir les inondations en cas de fortes pluies.

Éviter le refroidissement actif grâce à une conception intelligente des bâtiments

La nouvelle réalité: la surchauffe comme problème structurel

L'allongement des périodes de chaleur et les pics de température font qu'il est de plus en plus difficile de maintenir un climat intérieur confortable. Alors qu'auparavant, nous devions uniquement être vigilants pendant les mois d'été, le risque de surchauffe survient maintenant également pendant les journées plus chaudes et ensoleillées tout au long de l'année. Hilde Breesch, ingénieur de la KULeuven, le confirme: "Le changement climatique prolonge la saison des chaleurs bien au-delà du printemps et de l'automne."

Il est intéressant de noter que l'isolation n'est pas la seule coupable. En effet, une maison bien isolée garde la chaleur à l'extérieur en été et à l'intérieur en hiver. Les véritables facteurs de risque se situent ailleurs: les grandes surfaces vitrées, une orientation irréfléchie et un refroidissement nocturne insuffisant (ventilation nocturne). Par conséquent, la chaleur qui pénètre encore à l'intérieur ne peut pas s'échapper.

Une conception intelligente: la clé du rafraîchissement

La solution à la surchauffe réside dans une conception intelligente et passive. Des règles de base telles que l'orientation réfléchie des façades font des merveilles, même si les choses ne sont pas toujours telles qu'on le croit. Par exemple, les façades orientées vers le sud ne constituent pas le plus grand risque de surchauffe. Les bâtiments orientés est-ouest chauffent plus rapidement.

"La charge solaire en été est tout simplement plus importante sur une façade est-ouest que sur une façade sud", souligne Joost Declercq, ingénieur civil-architecte. Une façade orientée est-ouest est exposée au soleil beaucoup plus longtemps. En outre, le soleil est encore assez bas à ces moments-là, ce qui fait que les rayons du soleil arrivent directement sur le verre.

Joost Declercq poursuit: "Nous avons oublié comment concevoir une façade. C'est pourtant logique: il faut commencer par l'orientation et répartir intelligemment les fenêtres sur les façades en fonction de leur exposition. Ensuite, il faut prévoir suffisamment d'ombre là où c'est nécessaire, avec des auvents ou des écrans. La masse thermique joue également un rôle important. Elle doit être suffisamment présente pour amortir la chaleur."

De la prévention aux techniques durables

La prévention reste la base: les écrans solaires qui retiennent les rayons du soleil avant même qu'ils n'atteignent le verre, les conceptions de façades intelligentes et une enveloppe de bâtiment performante sont essentiels.

Le refroidissement passif peut être renforcé par des systèmes géothermiques. Cela permet de rafraîchir la maison de quelques degrés, même pendant les vagues de chaleur, sans refroidissement actif. Mais ceux qui ont encore recours à la climatisation doivent savoir que ces systèmes contribuent à des émissions de carbone supplémentaires et qu'ils sont souvent utilisés de manière inefficace. Un réglage modéré et la combinaison avec la ventilation atténuent ces inconvénients.

Un autre moyen de rafraîchir les maisons la nuit sans refroidissement actif consiste à utiliser la ventilation nocturne et l'effet de cheminée - particulièrement efficace tant que la température extérieure est inférieure à la température intérieure pendant la nuit.

L'ouverture stratégique des fenêtres et des portes le soir et la nuit - en particulier au ras du sol et en hauteur dans le bâtiment - crée un flux d'air naturel. L'air extérieur plus frais entre par le bas, l'air chaud monte et est évacué par les ouvertures les plus hautes.

De plus, la ventilation nocturne est une solution simple et efficace sur le plan énergétique, qui peut être mise en œuvre sans installations coûteuses, à condition de concevoir intelligemment les ouvertures des fenêtres et des portes.

Conclusion: mieux vaut prévenir que guérir

Concevoir des bâtiments pour les 40 à 50 prochaines années exige de la prévoyance. N'attendez pas des vagues de chaleur encore plus extrêmes, mais prenez des mesures dès maintenant. En se concentrant dès le départ sur des principes de conception intelligente du point de vue climatique, on évite des travaux de rénovation coûteux et énergivores.

Une conception intelligente aujourd'hui est synonyme de confort, de santé et d'efficacité énergétique pour les générations à venir. "L'objectif ultime est de rendre les installations de refroidissement actives superflues grâce à une conception intelligente des bâtiments", déclare Joost Declercq.