RESPONSIBLE OFFICE A POUR OBJECTIF UNE BRANCHE 100% DURABLE
“Nous sommes confrontés à de nombreux problèmes, mais c'est parfaitement réalisable”
Notre gouvernement s'est fixé comme objectif d'acheter des produits 100% durables d'ici 2020. C'est dans cet esprit que la fédération sectorielle Bosta a mis en place la plate-forme en ligne Responsible Office. Une plate-forme où les fabricants peuvent présenter leurs produits durables à condition de répondre à toutes les exigences. A la source de ce projet, il y a Carlo Bollen. Fort de son expérience chez Esselte, il attache une grande importance à la durabilité. Kathleen Bosteels veille à ce que tout se passe bien, et assume les responsabilités pratiques.
RESPONSIBLE-OFFICE.BE
Qu'est-ce que Responsible Office?
Kathleen Bosteels: “Responsible Office est un site web créé et géré par Bosta. L'objectif est de mieux répondre à l'offre et à la demande de fournitures de bureau et de fournitures scolaires durables et respectueuses de l'environnement. Le choix des produits n'est pas le fruit du hasard. Les produits doivent répondre à certaines exigences. Ces exigences sont calibrées par rapport à des certificats tels que Blue Angel, FSC®, PEFC™, Nordic Swan, NF Afnor, Energy Star, Österreichische Umweltzeichen, EU Ecolabel et Cradle to Cradle. Seuls les fournisseurs pouvant présenter au moins un de ces certificats sont autorisés à placer leurs produits sur le site. Nous voulons ainsi contribuer à l'objectif des autorités belges d'avoir des achats 100% durables et écologiques d'ici 2020. Les entreprises qui attachent une grande importance à leur responsabilité sociétale, peuvent également utiliser cette liste de fournitures de bureau durables.”
Comment est née cette idée?
Kathleen: “Le conseil d'administration de Bosta fonctionne comme suit: douze personnes non rémunérées se réunissent et réfléchissent à ce qui pourrait être bon pour le secteur. C'est ainsi que nous avons eu l'idée commune de construire quelque chose autour de la durabilité. Au début, Carlo a soutenu le projet. Ensuite, j'ai été nommée pour en assurer le bon déroulement.“
Carlo Bollen: “Je pensais qu'une initiative telle que Responsible Office pourrait parfaitement être mise en place dans notre secteur. Le label Nordic Eco a ses racines en Scandinavie. Le label Blue Angel allemand a plus de 100 ans. Cela montre que des pays comme la Suède et l'Allemagne travaillent d'arrache-pied dans ce domaine, mais ils ne sont pas nécessairement plus avancés que nous. Grâce au projet Responsible Office, la Belgique est un leader dans le domaine d'un secteur durable.”
Comment cela fonctionne-t-il?
Kathleen: Kathleen: ,ls sont indépendants et ont déjà fait leurs preuves. Ensuite, ils sont toujours adaptés aux différents services publics. Il existe des certificats pour les produits et des certificats pour les entreprises. Les premiers concernent les différents produits. Les seconds sont davantage liés à la responsabilité sociétale et à la vision de l'entreprise au niveau de la production. Il y a environ quinze certificats pour les produits et quatre pour les entreprises.”
Carlo: “Le site est bien visité. Non seulement par les fonctionnaires, mais aussi par les acheteurs des grandes entreprises. Et c'est précisément le but. Nous voulons qu'il s'adresse non seulement au gouvernement, mais aussi à toutes les entreprises en Belgique. Responsible Office ne s'intéresse pas seulement à la sensibilisation à l'environnement et au développement durable. Il est également synonyme de responsabilité sociétale, d'amélioration continue et de gestion des flux de déchets. Nous voulons aussi nous éloigner des mauvaises conditions de travail que nous voyons dans les pays de l'Est et d'Afrique. Il existe également des certificats à cet effet. Si les entreprises sont en mesure de présenter ces certificats, leur produit sera mieux classé. Une bonne gestion est très importante. Nous ne pouvons pas ignorer le fait que la Chine et d'autres pays asiatiques sont devenus l'usine du monde, mais nous devons veiller à ce que tout soit fait dans les bonnes conditions. Dans le respect de la nature et des hommes. Communiquer cela de manière correcte et objective fait partie des tâches de Responsible Office.”
Quels sont les autres objectifs de Responsible Office?
Kathleen: “Avec une vingtaine de fabricants et 1.000 produits, nous couvrons une grande partie du marché. C'est l'objectif provisoire. Tout ce qui vient s'ajouter, est un plus. Nous en sommes à 600 produits. L'année 2019 est vraiment importante pour Responsible Office. Les fabricants qui ne s'inscrivent pas maintenant, ne pourront plus monter dans le train.”
COMMENT LES PRODUITS SONT-ILS CLASSÉS?
Si un fabricant ou un importateur peut soumettre des certificats au niveau de l'entreprise, le produit reçoit le score suivant:
- ISO9001: 1 point;
- ISO14001: 3 points;
- EMAS: 3 points;
- amfori BSCI: 4 points.
Si le fabricant ou l'importateur peut soumettre des certificats au niveau du produit, le produit reçoit les scores suivants:
- les produits avec les certificats Der Blaue Engel, FSC®, PEFC™, Nordic Swan, NF 400, NF335, NF316, NF293, Energy Star, Österreichische Umweltzeichen et/ou TCO reçoivent 2 points;
- • l'Ecolabel reçoit 3 points;
- il y a le certificat Cradle to Cradle. On applique ici la répartition de points suivante, puisqu'il y a 5 niveaux avec des exigences environnementales de plus en plus strictes: C2C Basic: 2 points, C2C Bronze: 3 points, C2C Silver: 4 points, C2C Gold: 5 points, C2C Platinum: 6 points.
OPPORTUNITES POUR LE COMMERCE DE FOURNITURES DE BUREAU
Est-ce que le commerce de fournitures de bureau peut en profiter?
Carlo: “Nous réunissons l'offre et la demande. Pour l'instant, cela passe par-dessus les distributeurs, car c'est le fabricant qui communique avec le consommateur. A savoir le gouvernement ou les entreprises. Dans ce système, nous avions l'impression d'avoir un peu négligé le distributeur. Alors, début 2018, nous avons décidé d'inclure le distributeur dans le processus. Nous avons commencé à chercher des distributeurs ayant la durabilité dans leur ADN. Dans chaque province, nous avons trouvé un distributeur prêt à devenir membre de Responsible Office moyennant paiement. Nous leur avons donné un aperçu des différents certificats, de la communication avec le gouvernement et des perspectives d'avenir. Suite à cela, nous avons reçu de leur part un feed-back avec des propositions sur lesquelles ils souhaitaient se pencher. Nous sommes encore en train de tester tout ça. A l'avenir, d'autres distributeurs pourront venir s'ajouter.”
Que recommandez-vous au commerce de fournitures en matière de produits durables?
Kathleen: “Je lui ferais une suggestion: assurez-vous d'avoir en rayon les produits qui figurent déjà sur le site de Responsible Office. Comme ça, vous serez sûr de proposer des produits durables. C'est la grande commodité offerte par ce site. Le commerçant n'a pas à chercher par lui-même quels produits sont durables ou non. En ce sens, ce site est également une plate-forme d'information pour le commerce de fournitures de bureau.”
EXEMPLE DE LA MANIÈRE DONT LES PRODUITS SE VOIENT ATTRIBUER DES POINTS
Un produit fabriqué dans une entreprise certifiée ISO9001 et PEFC™ reçoit trois points. Il est mieux classé qu'un produit qui a seulement un certificat PEFC™ et qui reçoit deux points.
Ainsi ...
- Pour placer un produit sur le site de Responsible Office, le fabricant ou l'importateur doit avoir au moins 1 certificat au niveau du produit.
- La validité des certificats est affichée à chaque fois.
- Le produit le mieux classé peut donc présenter la plupart des certificats d'organismes indépendants.
Avenir
A l'avenir, cette sélection pourra être modifiée. Tous les changements seront effectués en consultation avec les autorités. Les lois et règlements en vigueur seront respectés. Toute modification sera décrite sur le site web. Les utilisateurs enregistrés seront informés de manière proactive.
LE GOUVERNEMENT N'EST PAS PRET
Le gouvernement veut atteindre 100% d'achats durables d'ici 2020. Pensez-vous qu'il va y arriver?
Carlo: “Nous avons de bonnes relations avec les autorités et elles sont très préoccupées par la durabilité et l'environnement. Pourtant, nous craignons qu'elles ne parviennent pas à atteindre 100% d'achats durables d'ici 2020. En 2014, le gouvernement avait invité tous les secteurs à se réunir.Il voulait savoir comment les différents secteurs pourraient être renforcés afin d'atteindre leurs objectifs. Nous avons relevé le défi en créant Responsible Office. Nous sommes l'un des rares à avoir joint le geste à la parole. Le gouvernement est très enthousiaste à l'égard de notre projet, mais il n'a pas encore acheté de produits durables. Nous avons déjà investi des centaines de milliers d'euros dans ce projet, mais le retour sur investissement est faible pour le moment. L'ancienne ministre Schauvliege a lancé le Greendeal, qui est un projet très innovant, mais je pense toujours que c'est beaucoup de paroles et pas assez d'actions.”
Il y a donc encore du pain sur la planche pour le gouvernement?
Kathleen: “Certainement. Nous ne pensons pas qu'il respectera l'échéance de 2020, surtout pas à ce rythme. Il a conçu un outil spécifique pour déterminer combien d'achats durables il effectue, toutes branches confondues. Mais il est encore loin de l'objectif. A moins que les choses ne se mettent vraiment en branle et évoluent dans le bon sens. L'objectif d'un approvisionnement 100% responsable ne sera pas atteint d'ici 2020, mais nous sommes à un moment charnière. Tout le monde devrait s'en occuper. Au niveau européen aussi, des voix s'élèvent pour un engagement total en faveur des achats durables. Tout comme cela a été fait pour la protection de la vie privée (GDPR), il y aura des mesures dans le domaine de la durabilité. La décision de l'Europe a peut-être pris un certain temps, ce qui a amené les autorités locales à adopter une attitude attentiste. Mais une fois que l'Europe se sera pleinement engagée, les choses vont se mettre en marche. Et nous serons prêts pour ça.“
Comment fonctionne le principe des appels d'offres et comment peut-on veiller à ce que la durabilité gagne en importance?
Carlo: ”Les appels d'offres fonctionnent avec un score. Par exemple, il y a 50 points pour le prix, 30 pour le service et 20 pour la durabilité. Celui qui obtient le meilleur score général, remporte le projet. On envisage de réviser ce score en attribuant plus d'importance à la durabilité. Il se pourrait alors que l'on attribue 50 points à la durabilité, 30 au prix et 20 au service. Tout le monde peut exprimer de bonnes intentions, mais au final, le prix reste déterminant. Si ces nouveaux scores étaient introduits, cela ferait une énorme différence. Plus vite les gouvernements et les entreprises devront acheter de manière durable, plus ils investiront dans la durabilité. La machine ne tourne pas encore à plein régime. Ça arrivera, mais je ne peux pas dire quand.”
UNE BRANCHE 100% DURABLE
Quel doit être l'objectif pour le secteur?
Carlo: “L'objectif doit être d'arriver à une industrie 100% durable. Cela doit être réalisable. Cependant, nous sommes toujours confrontés à de nombreux problèmes. Pour donner un exemple: le recyclage du papier est-il effectivement durable? Le papier doit être collecté avec différents véhicules qui produisent du CO2, l'encre doit être éliminée du papier avec une machine industrielle, de nouvelles fibres doivent être ajoutées, etc. Ne serait-il pas beaucoup plus simple de planter deux arbres pour chaque arbre coupé et de créer ainsi des forêts plantées spécifiquement pour la fabrication du papier, comme cela se fait déjà dans les pays scandinaves et au Portugal? Le certificat Cradle-to-Cradle en est un bon exemple. Dans cette optique, les concepteurs doivent réfléchir à la façon dont le produit peut être réutilisé à la fin de sa vie. Nous devrions pouvoir arriver à ce que les fabricants ne mettent sur le marché que des produits circulaires. Avec une réflexion dès la phase de développement sur la manière d'utiliser les déchets comme nouvelle matière première. Nous devons nous affranchir du principe 'second best' et miser pleinement sur les produits durables.”