OSCAR SE DIVERSIFIE POUR COMPENSER SON OFFRE CLASSIQUE
“le secteur a beaucoup changé en 14 ans”
En 2005, Scarlet Ferdinande et Philippe Deleu ont repris la librairie Oscar. Après quatorze ans dans cette branche, ils remarquent que beaucoup de choses ont changé au fil des ans. “Et on ne peut pas dire que la situation soit devenue plus facile”, déclarent Scarlet et Philippe. Fin 2017, ils ont pris la décision de faire souffler un vent de fraîcheur dans le magasin. Ils ont profité de l'occasion pour installer un coin café. “Nous ne pourrions plus nous en passer. Non seulement c’est un ajout intéressant dans notre assortiment, mais en plus, c'est très agréable.”
A PROPOS D'OSCAR ST. IDESBALD
Oscar a été créé dans les années 40 par un certain Oscar Markovic, un immigrant yougoslave qui avait ouvert son magasin de photo à Sint-Idesbald. Les prédécesseurs des gérants actuels, Philippe Deleu et Scarlet Ferdinande, ont repris ce magasin de photo. Pour cela, ils ont dû se mettre en conformité avec la législation et suivre une formation en photographie. Dans un premier temps, ils ont poursuivi l'activité de photographie, mais progressivement, le magasin a évolué vers une librairie. En 2005, Philippe et Scarlet ont repris cette librairie. Le nom du magasin est resté le même au fil des années et aujourd'hui encore, il s'appelle Oscar.
NOUVEAU DEFI
L'entrepreneuriat dans le sang
En 2005, la gérante Scarlet Ferdinande entame un nouveau défi après avoir été vendeuse dans un magasin de sport et d'ameublement local. Ses parents connaissaient les précédents propriétaires de la librairie Oscar et ces derniers voulaient remettre l'affaire. C'est ainsi qu'ils ont contacté Scarlet. “Je n'ai pas hésité longtemps”, dit-elle. “L'entrepreneuriat, c'est une affaire de famille. Mes parents ont été indépendants toute leur vie et mon frère aussi est entrepreneur indépendant. Nous ne pouvions pas laisser passer cette opportunité.”
Une reconversion
Au début, le but était que Scarlet tienne le magasin toute seule. Mais il s'est rapidement avéré qu'elle manquait de bras, alors son mari Philippe Deleu a effectué une véritable reconversion: “Quand ma femme a repris l'affaire, j'étais agent de police à Furnes. Comme elle a vite constaté qu'il lui était impossible de faire tourner le magasin toute seule, j'ai dû faire un choix. Les agents de police peuvent demander une dérogation pour exercer plusieurs activités, mais hélas, ma demande a été refusée. Alors, j'ai pris la décision de travailler dans la librairie à plein temps. Avec le recul, je me rends compte qu'il m'aurait de toute façon été impossible de combiner les deux.”
"En plus d'etre un bon complement dans notre assortiment, le coin cafe apporte un changement agreable. Nous nous en occupons avec plaisir"
- Philippe Deleu, Oscar St. Idesbald
MAGASIN RENOVE
Même assortiment
Oscar a été entièrement dénudé en un mois puis reconstruit. Pour les changements, nous avons demandé le conseil de Mortier à Coxyde, une entreprise spécialisée dans la rénovation de bâtiments commerciaux. “Mortier a tout coordonné pour nous avec ses propres corps de métier. J'ai soudé moi-même les tables et les étagères. Avant ma carrière dans la police, j'ai suivi une formation en soudure et elle m'a été bien utile”, se souvient Philip.
“Nous n'avons pas vraiment dû réduire notre offre. La grande majorité de l'assortiment est restée. Mais nous avons remarqué que certains clients ne sont pas revenus après la réouverture. Même ceux à qui nous offrions un service supplémentaire. C'est vraiment dommage.“
UN COIN CAFE SUR MESURE
Besoin de se diversifier
“En 14 ans, beaucoup de choses ont changé. Et on ne peut pas dire que cela soit devenu plus facile. Les marges et la vente sont en baisse. C'est entre autres pour ça que nous avons ajouté notre coin café. Nos clients nous demandaient souvent où ils pouvaient boire un café ou acheter un café à emporter. Nous avons répondu à leur demande. Indépendamment du coin café, nous avons fait souffler un vent de fraîcheur dans notre magasin”, explique Philip.
Garder une offre limitée
“Nous nous sommes lancés avec Viva Sara Koffie, qui nous a beaucoup aidés. Pour le moment, nous gardons une offre limitée, mais nous somes toujours en mesure de commander en fonction des besoins du client. Nous proposons du caffè macchiato, du caffè latte, du cappuccino et du café classique. Si nous constatons que notre bar à café tourne mieux, nous pourrons éventuellement envisager d'ajouter quelques tables. Cela ne me dérangerait pas, car je fais ça avec plaisir”, dit Philip.
ACTIVITE COMPLEMENTAIRE
Sortir des piliers classiques
“Il faut sans aucun doute être capable de s'affranchir des trois piliers principaux d'autrefois. Il est vraiment dommage que la perte de chiffre d'affaires que nous avons sur les classiques, ne soit pas compensée par le coin café. Mais ce dernier est un petit plus agréable et nous ne pourrions plus nous en passer.
La vente au numéro des produits de presse ne cesse de reculer. Les magazines sont devenus une sorte de produit de luxe. Quand ça va moins bien, les gens s'en passent pendant une semaine. En outre, les éditeurs boostent leurs abonnement avec des réductions et des cadeaux. Certains journaux populaires flamands ont récemment augmenté leurs prix. Cela incite sans aucun doute le consommateur à prendre un abonnement. On ne peut guère le lui reprocher.”
Point Poste
Oscar est également un point Poste et cette activité aussi est idéale pour compléter son assortiment. “Au début, nous étions plutôt sceptiques, mais maintenant, nous sommes ravis. Non seulement cela génère du trafic dans le magasin, mais en plus, cette activité rapporte vraiment en soi. Ceci dit, elle demande du travail supplémentaire, mais nous le faisons volontiers”, explique Scarlet. “Ce sont les gens de bpost qui nous ont proposé de devenir un Point Poste après avoir évalué notre emplacement, notre situation et la fréquence des visites.”
Lunch et repassage
“Nous avons ajouté plusieurs activités complémentaires. Récemment, nous sommes devenus un dépôt de nettoyage à sec et un atelier de repassage. C'est Scarlet qui s'occupe de ça”, dit Philip en riant. “Nous faisons aussi chaque jour de la soupe fraîche que les gens peuvent consommer ici ou emporter. Autant d'assortiments complémentaires qui permettent au magasin de tourner correctement.”
GROUPE-CIBLE
Heures d'ouverture adaptées
“Sint-Idesbald a une population âgée. En dehors des vacances scolaires, l'endroit peut être très calme. Nous ne sommes pas non plus situés dans une avenue ou une rue à fort passage. En été et pendant les vacances scolaires, la vente est plus élevée grâce au tourisme. Autrefois, le magasin était ouvert le dimanche, mais vu les chiffres de vente, nous avons modifié notre horaire. Il n'y a que pendant les vacances scolaires que nous ouvrons le dimanche. En évaluant les coûts et les bénéfices, nous avons trouvé qu'il valait mieux ne pas ouvrir le dimanche”, dit Scarlet.
Fonction sociale
“Les libraires ont aussi une fonction sociale. C'est une des raisons pour lesquelles il serait triste que des magasins comme le nôtre disparaissent. Pour beaucoup de gens, nous sommes souvent le seul contact quotidien. Nous sommes une caisse de résonance.”
Une clientèle fixe
“Nous sommes ouverts de 7h30 à 18h00. Philip prépare tout aux alentours de 5h45 et après 18h00, nous avons encore de l'administration à faire. Dans notre cas, cela ne servirait pas à grand-chose d'ouvrir beaucoup plus tôt, car il y a peu de passage dans notre magasin. Nous ne sommes pas situés à proximité d'une école ou d'une gare, donc nous avons peu de passants spontanés le matin. Mais nous avons nos clients fixes chaque matin”, dit Scarlet.
Public francophone
Sint-Idesbald se situe tout près de la frontière française et cela se remarque au nombre de clients francophones. “Je pense que 60% de notre clientèle est francophone”, déclare Scarlet. “Ainsi, nous vendons plus de journaux et magazines francophones que néerlandophones. Pour donner un exemple: le magazine qui se vend le mieux dans notre magasin, est le Ciné Télé Revue. La presse francophone est aussi un peu moins chère que la presse néerlandophone. Les journaux flamands populaires ont augmenté leur prix à 2,30 euros, alors que Le Soir, le journal francophone le plus grand et le plus cher, coûte 1,90 euros.”
UN SECTEUR PLEIN DE POINTS SENSIBLES
Plus de travail, moins de revenus
Oscar n'échappe pas aux difficultés que connaît le secteur. “Il y a quelque chose qui a mal tourné dans notre branche. Nous devons fournir la même quantité de travail pour un rendement beaucoup moins élevé. Il y a plusieurs années, nous n'avions pas vraiment ce problème, mais depuis cinq ans, nous commençons à le sentir fortement”, déclare Philip.
Exclusivité pour la librairie
“Autrefois, on donnait une exclusivité à certains magasins et il n'y avait que là qu'on pouvait acheter des produits de Lotto ou des produits de presse. Mais aujourd'hui, il est possible d'acheter un journal ou un billet à gratter à chaque coin de rue. Ce sont autant d'éléments qui compliquent les choses pour la librairie. Une sorte d'exclusivité pour la vente de tabac, de Lotto et de presse boosterait sérieusement notre branche”, selon Philip.
Paquet neutre
“Et puis il y a aussi le paquet de cigarettes neutre. Est-ce que les gens vont moins fumer? Ou est-ce que la vente va se maintenir? Certains fabricants nous donnent une indemnisation pour certains facings, mais si ces paquets neutres seront en vigueur, je crains que nous allons perdre cet avantage. En soi, ce serait également une perte, en plus de la vente de tabac en baisse et des plus petites marges.”
"Une sorte d'exclusivite pour la vente de tabac, de Lotto et de presse reduirait la concurrence et boosterait serieusement notre branche"
- Philippe Deleu, Oscar St. Idesbald
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Réseaux sociaux
Pour mettre la librairie en évidence, Oscar utilise des outils comme Facebook et Instagram. “Nous postons la soupe du jour ou les nouveautés que nous avons à offrir. Si nous oublions de le faire, nous remarquons que la vente est moins bonne. Nous utilisons surtout les réseaux sociaux pour informer les clients de nos possibilités de lunch. Ainsi, ils sont immédiatement au courant de ce à quoi ils peuvent s'attendre.”
L'AVENIR
Encore 15 ans
“On ne s'en sort plus avec les trois piliers. Il faut se diversifier en fonction de sa situation et de la clientèle que l'on veut toucher. L'avenir n'est peut-être pas tout rose, mais nous espérons du changement en faveur des librairies. Nous avons déjà quelques outils pour faire tourner notre magasin correctement. Nous espérons pouvoir poursuivre cette activité encore une quinzaine d'années. Nous souhaitons déjà que les choses changent dans ce beau secteur”, concluent Philip et Scarlet.